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 Le Prisme de l'Âme [Pv'Maïka]

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Ce que tu fais pour moi sans moi, tu le fais contre moi.
Gandhi


Le Serpent n'avait pas grand chose à faire ces derniers temps. Depuis le piège tendu au Shield, il ruminait sa rancoeur sans rien en dire, asphyxiant son esprit d'idées toute plus glauques les unes que les autres, sans jamais pouvoir les mettre en application.
Ses ordres avaient été clairs, il fallait trouver les mutants avant Charles Xavier, et si ses pouvoirs l'avantageait, il ne fallait pas douter de la capacité de la section 20 à sortir les vieux dossiers pour rapidement trouver de la matière. Ainsi, il n'était pas rare de voir des allers-retours incessants dans les couloirs de la division, avec toujours les mêmes têtes … et d'autres nouvelles, toute dans un état différent de la précédente, les charmes du pouvoir permettaient une grande diversité.
Il y en avait une qui ne semblait pas changer, pas ou peu sourire et ce même quand elle avait une légère pause, la mutante, l'Immortelle comme son créateur se plaisait à l'appeler, X-23.
Depuis qu'on avait donné au mutant-reptile les moyens de parvenir à ses plus sombres desseins, il avait ordonné des rafles. Sa protégée, à la tête de dix hommes entraînés, devait ramener les présumés mutants, et il ne fallait pas douter de sa capacité à le faire. Pour l'instant, un seul être avait été capable de la stopper … être qu'elle n'avait pas recroisé depuis.
Mais son maître, lui, restait à demeure, assigné à une tâche ingrate.

Josh avait perdu ses pouvoirs, et cela faisait deux semaines qu'il était en thérapie sans montrer le moindre signe d'amélioration. L'hypnose, l'introspection, rien n'y faisait. Le Serpent passait donc la plupart de ses journées à réfléchir sur le problème ou à entraîner Farny plutôt qu'à s'adonner à une chasse qui se voulait plaisante. Les ordres étaient pourtant ce qu'ils étaient.
Il n'avait qu'une envie, extraire l'ADN de Josh et le flanquer dans un tube en verre pour le garder comme cobaye, espérant pouvoir insuffler la mutation à un autre être. Son Employeur ne l'entendait pas de cette oreille et lui avait bien fait comprendre la chose, conclusion : il fallait aider un con à l'être un peu moins, et la chance n'était jamais du bon coté … jamais.
Si Bryan Payne était un habitué des laboratoires, passer plus de deux semaines dans un endroit capitonné l'agaçait, et il avait donc décidé de mettre fin à ce tourment en accomplissant lui même une toute autre mission. Il allait s'adonner à un peu de chasse pour joindre l'utile à l'agréable.

Prétextant une occasion pour que Josh sorte se détendre, espérant que cela détende ses barrières mentales, le Serpent l'avait flanqué d'une certaine X-23 pour le surveiller dans New York alors que lui rendrait visite à une descendante d'un ancien cobaye.
Pourquoi elle me diriez vous ? Et bien la réponse fut simple, son dossier était parmi ceux qui se trouvaient en bas de la pile, bas de pile que le Serpent avait feuilleté à tout hasard durant une pause.
Vêtu de son grand manteau noir plutôt chic, il avait pris le chemin de la Grande Pomme pour se lancer dans un recrutement particulier …



******************************************



Il n'était pas retourné en ces lieux depuis ses déboires avec Phillia Jenkins.
Le destin avait fait que la mutante sonique revienne auprès de lui … appétissant moment que celui où il avait posé ses yeux reptiliens sur elle, se délectant de la peur qu'il lui insufflait par sa simple présence. Jouissif tant l'être était sadique.
Selon les renseignements de l'OSRD, elle louait un appartement non loin de là … mais loin de lui l'idée d'aller lui rendre une petite visite à l'improviste. Non … elle devait être avec les siens, sous la bonne tutelle de cet imbécile de Xavier, pauvre petite créature, elle aurait mieux fait d'accepter son offre, sa mort aurait été certainement moins douloureuse. Mais il n'était pas question d'elle aujourd'hui … pas le moins du monde.

Poussant la porte de la bijouterie, peu avant la fermeture de cette dernière, il passa au crible de son regard reptilien l'endroit. Comment ne pas trouver cette somptueuse créature … son regard se posa sur elle alors qu'il plissait légèrement les yeux sans qu'elle ne l'ait encore regardé. Il l'avait trouvé …
Maïka Anabeth Amnell.
Comment rater cette fille ? La chose était impossible, mais elle devait savoir mieux que quiconque que la meilleure cachette était à la vue de tous. Une chevelure d'un roux étincelant qui forçait le regard, un teint trop parfait pour être véritable, jusqu'à la couleur de ses yeux, dissimulés derrières des lentilles de contact. Tout cela, le Serpent le savait, il avait lu le dossier, et s'il ignorait totalement la nature des pouvoirs de cette charmante jeune fille, cela ne pouvait que lui mettre la puce à l'oreille de voir une apparence ainsi faite.
Elle devait avoir des questions, et lui possédait les réponses.

Le dossier était clair quant au passé de cette fille, on était plus que bien renseigné à l'OSRD. Une enfance clairement chaotique, un peu à l'image de la personne qui allait la contacter.
Elle aussi elle avait perdu ses parents très jeune, mais au lieu de rester à l'orphelinat, elle avait eu droit à un tout autre traitement, tout aussi dérangeant que celui du Serpent, il en convenait. Bouger de famille en famille n'était pas une conduite qui poussait à une quelconque stabilité, surtout pas lorsque l'on a des pouvoirs que l'on ne peut dissimuler aisément. Si Bryan Payne avait toujours cultivé sa différence, Maïka elle, semblait vouloir la dissimuler, sans doute pour mieux vivre, pour mieux s'intégrer à cet univers qui l'avait déjà repoussé plus d'une fois.
Mais le rapport était clair sur l'incident. On parlait d'yeux de félin, la chose ne trompait pas, surtout pas lorsque l'on avait la même caractéristique, à un gène animal près. Lui aussi avait des yeux particuliers, mais il ne cachait pas ses yeux verts, ses yeux de serpent, cela mettait mal à l'aise, il le savait, et il en jouait. Elle, cachait ses yeux derrière une lentille qui n'avait pas lieu d'être, d'une manière presque lâche, mais elle était seule. Bientôt, on allait lui tendre la main pour qu'elle puisse enfin s'assumer, pour qu'elle puisse être elle.

S'approchant de cette même demoiselle, il détailla le contenu de l'étale devant lui avant de porter son regard sur elle. Il n'y avait rien de plus commun chez le Serpent que ce faciès qui transpirait la fourberie, faciès reptilien qu'il faisait rapidement oublier par une langue affûtée d'un verbe tranchant et volontairement manipulateur, le tout servi sur un ton suave et parfois sifflant.
Sans la saluer, il s'adressa alors à elle et lui tint ce langage :

« M'a t-on toujours dit que les yeux étaient le prisme de l'âme … »

Parole énigmatique qui poussait évidemment à l'interrogation.

« Il n'est nulle pierre précieuse qui n'ait autant de valeur ...»

Sourire en coin pour la demoiselle alors qu'il la fixait dans les yeux.

« Peut être pouvez m'aider à trouver ce que je cherche.»

Gardant ce sourire sur son visage, il était difficile de savoir quelles étaient vraiment les pensées de l'animal à ce moment.
Aurait elle compris le sous-entendu à l'image du physique atypique de l'homme qui l'abordait ? Il n'en savait rien, mais l'heure de la fermeture approchait rapidement, cette visite n'avait rien d'anodin pourtant. Quoi qu'il en soit, le premier contact était établi, restait à voir la suite.
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Maïka était arrivée à trouver une boutique qui acceptait à la fois de l'engager et de lui laisser y vendre les bijoux que la jeune mutante fabriquait. Elle avait également tout ce qu'il fallait pour les remettre à neuf. Cela faisait déjà quelques semaines qu’elle travaillait et s’apprêtait à retourner travailler. La nuit précédente, elle avait eu du mal à trouver le sommeil et n’avait réussi à s’endormir qu’à minuit passé.

Ce matin-là, après avoir mis du temps à ouvrir les yeux, la jeune mutante décida qu’une douche l’aiderai a bien se réveiller, mais pour mieux y arriver, elle l’avait mise froide et l’avais progressivement réchauffée. Après être sortie de la douche et s’être séché et placé les cheveux, la jeune femme se dirigeais vers son placard pour choisir ce qu’elle allait porter.

Elle choisit quelque chose de simple qui convenait pour le travail. Une jupe arrivant au-dessous des genoux, noire, et en jeans, avec une paire de leggins en dessous. Comme haut, elle portait un simple t-shirt, également noir, couleur qu’elle devait porter au travail, et y ajoute une petite ceinture dorée pour souligner sa taille.

Elle ne portait jamais beaucoup de maquillage pour travailler. Il lui suffisais de se mettre un peu d’eye-liner, un peu de mascara et un simple gloss pour donner une simple brillant a ses lèvres, chose qu’elle ne pouvait faire d’elle-même. Avant de partir, elle vérifiait toujours qu’elle portait ses lentilles de contact, que sa peau n’était pas trop rose et que son chat avait suffisamment d’eau et de nourriture jusqu’à son retour, et même un peu plus, au cas où il y ait des bouchons de circulations ou autres imprévus.

_____________________________________________________

« Qu’elle journée! Les clients semblent adorer t’es créations Maïka! »

Ça, c’était sa collègue du jour, qui avait elle-même acheté un bracelet fait par la jeune mutante. Et la jeune mutante en question regardait l’heure, impatiente de pouvoir aller acheter quelques petites choses pour son chat avant la fermeture de l’animalerie. Mais, quelqu’un en avait décidé autrement, bien qu’elle ne le savait pas encore.

« M'a t-on toujours dit que les yeux étaient le prisme de l'âme … »

La jeune femme regardait le client, qui avait une allure différente des clients habituels.

« Il n'est nulle pierre précieuse qui n'ait autant de valeur ...»

Voilà qui l’intriguait de plus en plus.

« Pardon? »

« Peut être pouvez m'aider à trouver ce que je cherche.»

La jeune femme se posait des questions, mais ne comptait pas le montrer.

« Sans doute…mais chose certaine, cela ne sera pas possible tant que vous n’aurez pas donné quelques précisions… »

Elle venait de remarquer ses yeux. Ils ressemblaient aux siens…

*Un mutant, lui aussi* se disais-t-elle à ce moment précis. *Mais…que peut-il bien me vouloir?*

Maïka était de plus en plus intriguée.
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Le Serpent était probablement la meilleure personne pour comprendre ce qu'avait enduré Maïka, il avait eu une enfance similaire. Il ne gardait que peu de souvenirs de ses parents, bien trop jeune pour s'en souvenir concrètement, il n'avait jamais su ce qu'était la tendresse des bras d'une mère, il n'avait jamais connu les conseils d'un père, il avait été sans attaches, pas un sentiment de sûreté alors qu'il avait passé toute son enfance dans un orphelinat.
Bryan Payne ne parlait pas de son passé, la souffrance y était trop présente pour que cela soit utile de ressasser de vieux souvenirs, dont un certain nombre devaient avoir été inventés par un gamin qui souhaitait avoir un semblant d'existence en ce monde. Cela expliquait pourquoi il n'y avait aucune photo dans la maison des Payne de Détroit, et pourquoi le mutant reptile n'avait pas de photo sur lui, rien qui puisse lui rappeler qu'un jour, il n'avait pas été celui qu'il était actuellement … comme pour oublier …
On ne lui avait jamais trouvé de famille, tout ce qu'il avait, c'était un professeur, des camarades, voilà tout. Il avait grandi et vécu seul, sans que l'on se préoccupe de lui, ce qui était peut être pire que ce qu'on avait fait à son interlocutrice. Et toujours, il avait été différent.
Son teint pâle, sa peau écailleuse, son corps frêle, un sang froid, des yeux étranges, des canines plus acérées, jusqu'au moindre rictus sur son visage, il n'y avait jamais rien eu de normal en lui, il avait toujours été celui qui était différent, de ce fait était né une haine sans limite. Plongé dans son monde de tourments, il avait acquis une certaine force de sa différence, il s'était forgé une personnalité de prédateur mesquin, à défaut d'avoir du muscle, il avait l'intelligence et la ruse de son coté, l'absence de conscience lui donnant carte blanche pour ce qui était des instruments de sa vengeance.
Sa revanche, il la prenait chaque jour un peu plus avec l'OSRD.

Évidemment, elle n'avait pas tout de suite fait le rapprochement, même si le physique du Serpent était particulièrement atypique, on pouvait le prendre pour un de ces énièmes gothiques pseudo-tourmentés en mal de reconnaissance, seulement un détail pouvait choquer, le naturel de cette attitude.
Ses yeux n'étaient pas dissimulés derrière des lentilles, il ne cachait pas ses canines sur-développées, jusqu'à sa peau livide, rien n'était caché, la vérité était là … mais ne disait on pas qu'à la vue de tous était la meilleure cachette ? Peut être bien.
Que ressentait elle ? De la peur ? Pas déjà … avant devait venir la curiosité, le mutant avait l'habitude d'attirer ses proies par la curiosité avant de s'en occuper, il s'agissait de ferrer le poisson avant de l'attraper.

Et l'appât semblait être apprécié, mieux que ça d'ailleurs, elle avait mordu comme en témoignait sa question qui, aux yeux du Serpent, relevait d'un professionnalisme purement faux et là uniquement pour dissimuler une pensée toute autre. Elle pouvait peut être changée son apparence, mais ses réactions certainement pas … une faiblesse assurément.

« Sans doute…mais chose certaine, cela ne sera pas possible tant que vous n’aurez pas donné quelques précisions… »

Il eut un bref sourire en coin particulièrement amusé, avait elle seulement conscience de ce qu'il pensait ? Oh probablement pas, mais la chose était d'une ironie sans nom, à tel point que cela en devenait plaisant, chose rare quand on connaissait la nature de l'individu.
Sadisme oblige, et finesse de surcroît, il n'allait pas lui dire tout de suite ce qu'il cherchait, il avait besoin de temps pour installer sa manipulation.
Alors il répondit sur un ton plus ironique que sérieux, continuant de sous-entendre sa véritable pensée.

« Cela va de soi … je suis à la recherche de deux pierres quelque peu ... spéciales … »

L'intrigue était lancée.

« Elles devraient pouvoir changer de monture à loisir, elles seraient d'une couleur peu commune, comme la promesse de quelque chose de plus grand … elles doivent être particulièrement précieuses, lorsque l'on sait ce dont elles sont capables.»

Derrière ses dents, un petit sifflement se fit entendre.

« Et j'avais dans l'idée de voir si ces dites pierres précieuses n'étaient pas curieuses de comprendre un peu mieux ce qu'elles sont …»

Gardant son sourire en coin, il ne voulait pas trop s'avancer sur le sujet, il voulait la laisser venir à lui, naturellement. Si ce n'était pas le cas, et ça l'avait été déjà avec quelques mutants, il allait utiliser la force bien que ne souhaitant pas arriver à cet extrême. Cela n'avait pas fonctionné avec Phillia, mais avec cette petite, il n'était pas très inquiet. Ils avaient tellement en commun …

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« Cela va de soi … je suis à la recherche de deux pierres quelque peu ... spéciales …  

"Et...Elles ressembles à quoi?"

« Elles devraient pouvoir changer de monture à loisir, elles seraient d'une couleur peu commune, comme la promesse de quelque chose de plus grand … elles doivent être particulièrement précieuses, lorsque l'on sait ce dont elles sont capables. Et j'avais dans l'idée de voir si ces dites pierres précieuses n'étaient pas curieuses de comprendre un peu mieux ce qu'elles sont …»

Maïka était plutôt intriguée. Certes elle avait tire ses conclusions sur ce qu'elle était elle-même et avait sans doute devinez ce que l'homme en face d'elle pouvais être, mais elle ne comprenait pas où il voulais en venir...

Sérieusement, arrêter de me faire marcher, je ne comprend vraiment pas de quoi vous voulez parler.

Elle était énervée, et elle n'avais plus de patience, la journée avait été longue et bien remplie. La jeune femme regarde l'heure sur sa montre*

Je suis désolée, mais on ferme. Et ce n'est pas moi qui fait la fermeture. Il vous faudra partir...

Elle espérait qu'il allait partir...ou clarifier ce qu'il voulait, parce que là, elle n'avait pas la tête à justement se casser la tête pour tenter de le comprendre...


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Tout le monde ne pensait pas comme le Serpent, et il le savait.
En regardant des pierres précieuses, les personnes normales voyaient de jolies couleurs, une brillance reluisante, comme une promesse de richesse, quelque chose de particulièrement beau et de pur. Lui, lorsqu'il les regardait, ne voyait qu'une structure cristalline qu'il avait autrefois apprise, une succession de mailles avec des défauts créant des propriétés optiques, un dérangement dans la structure cristalline suite à un plan de glissement ou simplement une impureté quelconque … ces pierres, n'étaient que de la pacotille, un prétendu luxe qui n'était en rien parfait, qui n'était rien de plus que des éléments minéraux communs ordonnés à l'arrache avec des défauts à tout va. Mais ça, qui le savait ? Pas grand monde, et au final, le Serpent, fort de cette connaissance, se voyait à nouveau pointé du doigt comme étant 'différent'.
Il l'avait toujours été. Ses cheveux blancs, son teint blafard, ses yeux reptiliens, ses dents plus pointues, on l'avait exclu pour son physique, pour son apparence, mais pas que … rapidement, on le désigna comme un génie … les autres ne virent là qu'une nouvelle différence, un intello prétentieux, un être qui n'était pas comme eux, qui ne pensaient pas comme eux. Au fond, on ne l'avait jamais apprécié pour ce qu'il était, il avait toujours été différent, trop selon le commun pour être accepté, en résultait une vie de souffrance.
Si aujourd'hui il en était là, c'était que cette souffrance était devenu un moteur, une force si on pouvait appeler ça ainsi. Son intellect avait dominé les autres, il avait travaillé pour arriver à ce résultat, la chose avait été plus facile compte tenu de ses capacités, ça allait de soi. Et puis il y avait la mutation.
L'apparence différente s'était accentuée et occasionnait un malaise général, il était différent, mais il évoquait désormais la peur. Combien de jeunes avait il figé sur place en un regard ? Combien d'individus avaient ils pu ainsi voir tétanisé devant un regard, ou bien à la simple entente de sa voix ? Suffisamment pour se considérer supérieur. D'ailleurs, il l'était.

Se cacher, c'était être faible, assumer, c'était être fort. Il ne s'était que trop caché, et il se cachait encore, parce qu'il n'était pas assez puissant pour se permettre de sortir de son trou. Il n'était pas aussi stupide que les 'vilains' comme ils aimaient s'appeler. Il était peut être aussi sadique, aussi vicieux, mais contrairement à eux, il était intelligent et patient. Un orgueil blessé valait mieux qu'une mort aussi inutile que certaine.
Il allait offrir une possibilité aux mutants de vivre, la D20 le leur proposait à condition de quelques services. Lui avait accepté, et voilà où il en était. Il était le plus grand scientifique de la division, il avait crée la parfaite mutante, il avait réussi à copier l'Immortel, mieux, à le soumettre à ses ordres. Il n'en était pas peu fier, et pourtant, il en voulait toujours plus. C'était peut être ça sa voie, toujours chercher plus de pouvoir, et maîtriser tous les secrets de ce monde, l'envie d'être le Tout … parti de rien.

Maïka ne pourrait pas comprendre les buts de son interlocuteur, il le savait, il en avait conscience, voilà pourquoi il ne jugeait pas utile de lui expliquer directement ce qu'il venait faire ici. Si elle ne comprenait pas son discours actuel, c'était qu'elle n'avait peut être pas encore développé de pouvoirs, ou qu'elle n'en avait tout simplement pas, auquel cas, il aurait perdu son temps en venant ici. L'important était de ne pas vendre d'informations gratuites, et il n'en était pas encore rendu là, auquel cas, qu'aurait elle pu faire face à un monstre comme lui ? Pas grand chose, son pouvoir ne la protégeait pas, tout au plus pourrait elle se dissimuler dans la masse, mais comment échapper à un être qui perçoit les odeurs ? Elle ne pouvait pas fuir toute sa vie, c'était évident, elle ne le savait peut être pas, mais Bryan Payne était bien plus puissant qu'il le semblait.

« Sérieusement, arrêtez de me faire marcher, je ne comprends vraiment pas de quoi vous voulez parler.  »

Ainsi elle se méfiait, cela se ressentait en plus d'être visible. Une permutation de sens permit au mutant reptilien de sentir un rythme cardiaque plus important, le stress, la peur, l'angoisse, la colère, autant de sentiments qu'il avait autrefois connu, qu'il avait appris à surpasser, à maîtriser. Elle était encore une jeune mutante, seule, pensant se dissimuler facilement au regard des autres, mais n'avait elle jamais osé se poser une question sur son être ? Il avait les réponses à ces dernières et attendait le bon moment pour le lui indiquer, mieux valait voir sa réaction.

« Je suis désolée, mais on ferme. Et ce n'est pas moi qui fait la fermeture. Il vous faudra partir ...»

Sans un sourire, il hocha très lentement la tête avant de lui répondre calmement, comme s'il s'était attendu à cette réaction :

« Soit … si vous cherchez des réponses sur vous, Maïka, vous savez où me trouver.»

Sans un regard pour les autres présents, le mutant prit la direction de la sortie du magasin. Une fois la porte passée, il leva la tête pour regarder le ciel avant d'avancer et de se placer sur le coté, scrutant d'un œil dissimulé si la jeune femme allait le rejoindre ou non.
Alors qu'il attendait, son téléphone vibra. Plongeant une main dans sa poche, il consulta le dernier message reçu, une certaine Laura selon son répertoire. Le message indiquait que tout se passait 'bien' pour l'instant, chose relativement curieuse quand on connaissait les concernés. Il releva les yeux, ne répondit pas au message et replia l'engin avant de le remettre dans une poche, cela attendrait.
Quelques temps plus tard, la porte s'ouvrit. Un regard rapide, puis un silence qui dura quelques secondes, le temps qu'elle sente sa présence ou qu'elle l’aperçoive. Enfin, il se décida à lui fournir des explications.

« Nous sommes tous passés par là … la peur d'être démasqué, d'être traité de monstre, la solitude que provoque le statut de 'différent'. Ce sentiment injuste d'être écarté d'un monde que l'on ne cherche qu'à intégrer sans rien demander d'autre.
Vous avez eu plus de chance que bon nombre d'entre nous … tous n'ont pas la faculté de se rendre normal aux yeux des autres … un don et une malédiction … la contrainte d'être quelqu'un d'autre … quelqu'un que l'on est pas vraiment.»


Il quitta du regard le ciel pour observer la rue et plus précisément l'autre trottoir où un flot de badaud se voulait presque continu.

«C'est à la fois injuste et stupide n'est ce pas ? Je connais ce sentiment.»

Puis il posa son regard sur la jeune femme qui était sorti du magasin. Qu'allait elle faire ?
Il ne tenait qu'à elle de poursuivre la conversation. Une chose était sûre, le Serpent était bien plus conciliant qu'avec Phillia pour ce qui était de son approche. Mais on ne pouvait que rarement lui échapper, il le savait.
Maïka était à la fois une proie et une recrue potentielle, elle pouvait se révéler aussi utile qu'intéressante, vraiment, elle pouvait être une alliée de poids pour la D20.
Bryan le savait, et il espérait bien la voir le rejoindre d'elle même, il avait tant à lui offrir ...


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